Laurent Lagarde anime le blog depuis plus de 6 ans. Dans cette interview, il nous explique pourquoi et comment lui est venue l’idée d’utiliser Internet, les blogs et les réseaux sociaux pour parler du bégaiement.
Laurent, comment vous est venue l’idée de votre blog ? A quels besoins répond-il ?
J’ai commencé à bégayer à l’âge de 6 ans. J’ai essayé de nombreuses techniques ou thérapies sans succès : ostéopathie, acupuncture, homéopathie, sophrologie, médicaments… magnétiseur. J’avais fini par laisser le bégaiement dicter une grande partie de ma vie : le choix de mes études, de mon métier et même du prénom de mes enfants. Et à 40 ans, alors que je pensais que je ne m’en sortirais jamais, que je paniquais chaque fois que je devais téléphoner, me présenter ou prendre la parole en public, j’ai été sauvé par l’Internet.
Alors que je me sentais seul, incompris et que je ne voyais aucune perspective de guérison, j’ai soudain découvert les témoignages de personnes qui étaient passées par les mêmes peurs et épreuves que moi et qui expliquaient comment elles s’en étaient sorties !
J’étais enthousiasmé ! Voilà des gens dont je me sentais proche et qui me donnaient ce qui me manquait : de l’information, de l’espoir et un mode d’emploi. J’avais découvert un eldorado, une planète cachée et j’ai eu envie de révéler son existence aux francophones.
C’est ce qui m’a donné l’idée de créer en 2009 le blog pour partager mon expérience et surtout celles des autres, synthétiser l’information utile et faire gagner aux personnes qui bégaient le temps que j’avais moi-même perdu ! Je voulais aussi vraiment délivrer un message positif en montrant qu’il existait des solutions et qu’il était possible d’en parler sur un ton léger et décontracté. L’aventure est belle puisqu’elle m’a permis de rencontrer des gens passionnés et attachants et a débouché sur la traduction et l’édition de deux livres.
Quels autres outils de communication que le blog utilisez-vous en parallèle ? De quelle manière ?
J’ai une page Facebook qui compte 2 000 abonnés. J’ai également deux livres présents sur Amazon et la Fnac, ce qui permet aussi de faire connaître le blog. Le blog est principalement écrit mais j’ai fait aussi une interview en podcast audio et 2 ou 3 vidéos.
Pensez-vous que cette communication a été utile pour faire connaitre le bégaiement en France ?
Je pense que les blogs et réseaux sociaux ont joué un rôle très important pour diffuser l’information vers les personnes qui bégaient, leurs familles et même leurs thérapeutes. En quelques années, on est passé d’une poignée de livres confidentiels à une diffusion massive de l’information. Depuis sa création, le blog a reçu plus de 200 000 visites. Certaines vidéos de Bérenger, un collègue blogueur dépassent les 20 000 vues. Quand on sait que le bégaiement ne touche que 1% de la population, ces chiffres sont remarquables. Par ailleurs, l’existence du blog a également attiré les médias traditionnels. J’ai été invité à la radio, interviewé par Le Monde ou Le Figaro… Mes collègues blogueurs et moi-même recevons souvent des messages de remerciement. On se sent en effet souvent seul, incompris et démuni quand on bégaie. Les réseaux sociaux ont permis de briser cet isolement. Ils ont également permis de jeter des ponts entre les pays et il existe maintenant une véritable communauté internationale du bégaiement.
Avez-vous fait des études en communication ?
J’ai fait une Ecole de Commerce (ESC Normandie), j’avais donc acquis quelques bases théoriques. Toutefois, à l’époque, je m’étais plutôt orienté vers le domaine financier. Je m’autocensurais vis-à-vis du marketing et de la communication, pensant que mon bégaiement serai t un obstacle pour ces métiers.
D’où vous sont venus le goût pour la communication numérique et la communication en général ?
Je suis d’un naturel curieux et j’ai toujours été attiré par l’informatique. Enfant, j’ai eu l’un des dinosaures de l’informatique domestique : un Thomson T07 sur lequel je programmais des jeux en basic ! J’adore aussi lire et Internet constitue pour moi une source inépuisable de découvertes. Concernant le domaine de la communication, c’est d’abord un goût pour l’écriture, d’où le choix du blog.
Dans quels domaines travaillez-vous et avez-vous travaillé ?
Je travaille dans la banque et j’ai fait une grande partie de ma carrière dans le marketing et la communication. J’ai toujours été attiré par les nouvelles technologies et j’ai eu la chance de mener des projets de banque et de communication en ligne depuis l’époque de l’audiotel/minitel jusqu’à Facebook, en passant même par le monde virtuel de Second Life !
Comment avez-vous appris à vous servir de ces outils de communication (blog, réseaux sociaux, etc…) ?
Je suis complètement autodidacte mais j’aimerais maintenant suivre des formations, notamment en création graphique et en programmation.
Quelles sont, selon vous, les qualités d’un bon communicant ?
Bien savoir ce qu’attend sa cible.
Trouver un ton différenciant, mais surtout sincère et en accord avec sa personnalité.
Et, dans le cas d’un blog, être persévérant. Cela prend du temps de trouver son public, cela se construit progressivement et il ne faut pas se décourager.
Pour aller sur le blog de Laurent Lagarde :
Pour le suivre sur Facebook :
Alexa Chambrion
Chargée de communication (alternance) chez Office National des Forêts
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