Nicolas Blin est Community Manager chez CALT Productions, société qui produit notamment les séries Caméra Café, Kaamelott et Hero Corp.
Un groupe de fans de la série Hero Corp. Nicolas Blin est le barbu au premier rang.
Comment devient-on CM de chez CALT ?
Parce qu’on t’appelle… Plus sérieusement, je suis un fan de la première heure de certains de leurs programmes, dont Kaamelott et Off Prime. Et j’ai été le premier a créer un groupe FB à l’annonce de leur nouvelle production, Hero Corp, il y a 7 ans. Depuis j’anime la communauté, donc quand ils ont voulu trouver quelqu’un pour gérer leur com’ digitale, ils se sont tournés vers moi. Et cela tombait hyper bien, puisque je venais juste de me dire que si il fallait trouver un nouveau job, ce serait un job-passion. Et j’étais justement en train de faire les démarches pour suivre une formation accélérée au CM. Les étoiles se sont bien alignées et ils m’ont laissé ma chance…
Comment gérer les périodes creuses en terme d’activité (hors tournages, diffusions, sorties DVD/BLURAY…) ?
C’est vrai que c’est un côté contraignant du job : trouver des choses à dire, éditer du contenu, faire vivre la communauté, quand on a rien à dire. Mais c’est sans doute celui que je préfère. Faire en sorte de maintenir une connexion permanente avec nos fans, se montrer créatif, surfer sur l’actu… Il existe une large palette de possibilités pour toujours fournir un contenu aux abonnés, même lorsque la communication institutionnelle est moins forte. Mais j’aime bien bidouiller des trucs dans mon coin. De la simple citation, au news jacking, en passant par la surveillance d’autre compte dans des domaines connexes, pour interagir avec eux. Parce que, au delà de la communauté de fans dont je suis issu, j’aime à me dire que j’appartiens aussi à la communauté des CM.
Quelle a été l’approche et la démarche en terme de communication au cours de la campagne de crowfunding sur Ulule ? (de la réflexion en amont jusqu’à la fin de la campagne, et en prévision de la gestion des contreparties)
Cela s’est fait en deux temps. Dans un premier temps, il était envisagé de faire une campagne pour augmenter le budget et permettre de clore ce cycle en beauté. Puis rapidement, le second diffuseur de la série, ainsi que notre éditeur DVD se sont désengagés, à hauteur de 80K€, de la production de la saison 5. De ce fait, alors que la campagne initiale demandait un rab de budget, il devenait nécessaire, pour combler ce trou, de faire une campagne. Initialement, c’est une agence de com’ spécialisée dans le numérique qui devait s’en charger. Mais nous trouvions que leur message était un peu trop « agressif » et surtout pas suffisamment calibré aux codes de la série. Nous avons donc décidé de reprendre la main et je me suis retrouvé propulsé à la tête de cette première opération pour un programme TNT. L’objectif principal, au delà de la somme à récolter, était de proposer des prix abordables, même si cela réduisait nos marges, et surtout, des contreparties de qualité. Donc il a fallu, pendant plusieurs mois, réfléchir au bien fondé de chaque contrepartie, chaque palier de financement, en gardant toujours en tête que nous avions une relation privilégiée avec nos fans, et que nous ne voulions pas tout gâcher. Faire monter la sauce en amont à été assez facile, et nous avons tout de suite été submergés par l’ampleur du soutien initial de nos fans (le premier palier de 60K€ atteint en 06h30). Ensuite, après ce démarrage en trombe, il a fallu revoir un peu notre stratégie. Nous ne pensions pas que les contreparties les plus élevées partiraient aussi vite, et je comptais bien dessus pour animer la campagne. Mais là, en quelques heures, il ne restait plus rien. C’était génial, mais ça m’a forcé à tout revoir, à jeter à la poubelle une cinquantaine de post pré-rédigés, pour me recentrer sur une animation plus traditionnelle, en relation avec Ulule. L’idée alors, était de faire vivre la campagne, d’inciter les gens à partager l’information, de rediriger vers certaines contreparties, et de faire connaître le projet auprès des médias. Peu ont répondu présent, mais dès que nous avions une parution, les dons repartaient à la hausse. Et puis dans les derniers jours, il a fallu aller chercher les derniers hésitants pour finir en beauté, en dépassant la barre des 200K€. La difficulté aura été de trouver un juste équilibre entre spam intensif et respect de nos fans.
Le kit de survie de Nicolas Blin pendant un tournage.
Dans le domaine artistique, le CM a-t-il plus de libertés en terme de création (événement, choix des médias, …) ou est-il au contraire limité par la primeur de la créativité des artistes? (je pense par exemple aux vidéos envoyées par , comment organisez-vous cela ?)
Là il s’agit de faire vivre une communauté basée autour de l’œuvre d’une personne. Simon Astier porte ce projet depuis près de 10 ans. Il en connaît chaque recoin, les a imaginés, et il en est responsable aux yeux des fans. Du coup, et même si je connais très bien le sujet, il me faut toujours veiller à respecter ses désirs concernant la communication autour de sa série. Non pas que je fasse tout valider, ce qui lui prendrait un temps fou. Mais je connais ses exigences, les choses qu’il ne veut absolument pas voir, et je m’adapte. Et j’aime bien avoir ce bornage clair, parce qu’il pousse à la créativité. Si je pouvais tout faire, j’aurais sans doute des réflexes de facilité. Là, ça me force à toujours questionner mes contenus, non pas à travers mon seul prisme, ni celui des spectateurs, mais aussi celui de son créateur, qui souhaite qu’un certain niveau d’exigence soit maintenu…
Quelle est ta relation avec les différentes composantes de l’entreprise : production, artistes, équipes techniques,…
J’ai une vraie relation privilégiée avec tous. En gros, je connais beaucoup d’entre eux depuis 7 ans à suivre le projet. J’étais même figurant lors de la saison 4. Et puis le fait de les accompagner pendant tout le tournage de cette dernière saison nous rapproche un peu plus. Certains sont des amis. Et je suis redevable à la production, qui m’a laissé ma chance alors que je n’avais fait mes preuves que de manière bénévole, en animant diverses communautés. C’est vraiment gagnant-gagnant, puisque j’apporte une expertise, et une relation durable avec leur fanbase, et en contrepartie, j’ai une première expérience dans une grosse boîte de production, et même à la tête d’une opération de financement participatif inédite en France…
Alban Lenoir, acteur, Nicolas Blin à droite, et des membres de l’équipe de tournage.
Des conseils à donner à de futurs communicants numériques ?
Faites ce métier parce qu’il vous passionne. Pas par défaut. Il faut de la passion pour se maintenir toujours au courant des dernières nouveautés, pour éplucher les informations à la recherche d’un buzz potentiel, de ratisser le web en quête de contenus à valoriser, pour réfléchir jour et nuit à faire grimper ses compteurs… De l’énergie, de la patience, et de la passion. Et ne considérez pas que vous êtes « communicants ». Vous êtes un trait d’union, oui. Mais vous êtes aussi développeur, entrepreneur, juriste, graphiste, scénariste, devin, maître zen…
Le site de CALT Prod :
Le Twitter de Nicolas Blin :
Sylvain Nocquard
Chargé de diffusion et de communication chez Collectif7'
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