Jeu concours – The Social Dead (fin)

The Social Dead : La fin

 

Vous l’attendiez tous ! Le voilà enfin ! Le résultat de notre jeu concours The Social Dead !

 

8e place : Pierre-Louis Vitté

7e place : Ophélie Langlois

6e place : Joseph Laroche

5e place : Lisa Laurent

4e place : Clizia Courtais

Et le top 3 :

3e place : Camille Grassi

2e place : Fanny Bertaud

1e place : Thomas Hezard

Chose promise, chose due, voici la fin de notre aventure, avec notre texte gagnant :

 

L’occasion manquée

 

C’est Claire qui a rompu le silence. Les cinq personnages se trouvent dans la cour d’une ancienne usine, où un jeune homme au visage disgracieux leur fait à présent face.

     – Alexandre ! Tu t’appelles Alexandre, c’est bien ça ? s’écrie Claire.

     – C’est exactement ça, répond le jeune homme, d’un ton étrangement mi-satisfait et mi-inquiet.

     – Quoi ? Tu le connais ? demande Vincent.

     – Oui, il est dans ma fac en…

Claire ne peut terminer sa phrase, Alexandre lui coupant sèchement la parole :

     – Vous me connaissez tous les cinq.

     – Moi aussi, je te reconnais, Alexandre, dit Martha, tu étais dans mon collège !

     – Moi, je ne t’ai jamais vu ! s’écrient alors d’une même voix Vincent, Adeline et Junji.

Alexandre esquisse un sourire énigmatique et répond :

     – Pourtant, vous me connaissez aussi. Et on s’entendait même plutôt bien. J’ai d’ailleurs été ravi de constater que tu avais fait de gros progrès en informatique depuis l’époque de nos conversations sur IRC et sur Second Life, Azux.

     – Je me doutais un peu que tu étais quelqu’un qui me connaissait virtuellement, répondit Vincent, car il y a peu de monde qui connaît ce pseudo Azux que je n’avais pas utilisé depuis des années. Mais qui es-tu ?

     – Je suis Spyral.

     – Spyral ! s’exclament Adeline et Junji.

     – Eh oui, nous aussi parlions sur IRC et sur Second Life, Enileda et Dovah-Kun, et je suis ravi de vous voir enfin en vrai.

     – C’est donc toi le Hacker ? C’est donc toi The Social Dead ? demande Martha.

     – Je suis bien le Hacker, mais je ne suis pas The Social Dead.

     – Explique-toi ! Pourquoi nous as-tu fait venir ici ?

     – Pour vous présenter le triste résultat de mon expérience, qui était hélas prévisible. Suivez-moi dans mon bureau.

Alexandre conduit les cinq personnages dans l’usine, jusqu’à une pièce en désordre dans laquelle plusieurs ordinateurs allumés trônent sur une table.

     – C’est d’ici que j’ai mené mes opérations. Avez-vous compris pourquoi j’ai réalisé ces piratages dans l’ordre dans lequel je les ai effectués ?

     – Non, répondent-ils.

     – C’est pourtant simple, reprend Alexandre. Certains médias sociaux respectent le droit à l’anonymat de leurs utilisateurs, d’autres bafouent ce droit. J’ai commencé par hacker les médias sociaux qui respectent le droit à l’anonymat de leurs utilisateurs : les forums, les blogs, IRC, Second Life, Ask.fm… Et lorsque j’ai piraté ces réseaux, la plupart des internautes ne se sont pas révoltés. C’est même à peine si les médias en ont parlé. Lorsque j’ai ensuite hacké Facebook et Twitter, les deux réseaux les moins respectueux des droits de leurs utilisateurs, les médias se sont mis à ne plus parler que de cela, et c’est à ce moment que les internautes ont commencé à se révolter.

     – C’est parce que ce sont les plus utilisés, objecte Martha.

     – S’ils sont les plus utilisés, la propagande en leur faveur menée par la quasi-totalité des médias et des entreprises y est sans doute pour beaucoup. Je n’ai pas été étonné que vous sachiez répondre à ma question de tout à l’heure, vu comment les médias nous ont rabâché l’année de la création de Facebook… Ils ne savent par contre probablement même pas qu’IRC et Second Life existent… Mais concernant Facebook, il y a nombre de choses dont ils ne parlent pas. Comme de ceci, par exemple.

Alexandre saisit la souris d’un ordinateur et effectue quelques clics. Une série de lignes de texte se met alors à défiler simultanément sur tous les écrans :

« Tête-en-merde – Elephant Man – C’est un masque d’Halloween ou c’est vraiment ta vraie tête ? »

     – Ce n’est qu’un petit échantillon des messages que j’ai reçus lorsque j’ai affiché mon visage en photo de profil Facebook.

« Lâche qui ne s’assume pas – Fantômas – Faux compte – Affiche ton visage, lâche ! »

     – Et ça, c’est un échantillon de ceux que j’ai reçus après avoir supprimé ma photo de profil. Là-bas, je vous ai envoyé à tous des demandes en ami. Que vous avez tous refusées, ce qui n’est guère étonnant vu la façon avec laquelle Facebook incite ses utilisateurs à s’enfermer dans leur petit cercle restreint de gens qui exhibent leur visage en photo et à se méfier des inconnus comme de la peste. Internet était pourtant bien parti pour être ce village planétaire qui peut relier chacun au monde entier. Et puis Facebook est arrivé, proclamant que « l’anonymat sur le net doit disparaître »… Vous savez, le droit à l’anonymat, ce qui permet de s’exprimer librement tout en protégeant sa vie privée. Avec la montée de Facebook et Twitter, les médias sociaux respectant le droit à l’anonymat, IRC, SL, ont vu leurs nombres d’utilisateurs baisser. Certains comme MSN Messenger n’existent même plus. Pour qui veut protéger sa vie privée et son anonymat en ligne, Facebook entraîne la mort sociale. Voilà pourquoi The Social Dead, ce n’est pas moi. La véritable Social Dead, c’est ce qui est arrivé à partir de 2008-2009, quand Facebook a commencé son essor. J’ai simplement réutilisé pour mes opérations de hacking ce nom qui ne faisait que décrire la situation telle qu’elle existait. Et si les manifestants qui scandent «Mort à The Social Dead» avaient vraiment voulu défendre le web social, c’est « Mort à Facebook » qu’ils devraient scander, et depuis plus de cinq ans.

     – Que vas-tu faire, maintenant ?

     – Vous rappelez-vous de l’expression que j’ai employée dans le mail que je vous ai écrit ? Je vous ai dit qu’à vous cinq, vous pouviez « ramener les choses à la normale ». Eh bien maintenant, le temps est venu de ramener les choses à la normale.

     – Comment faut-il faire ?

     – En utilisant ceci, répond Alexandre.

Il leur présente un petit boîtier électronique, relié à l’ordinateur central par une prise USB, et sur lequel se trouvent deux boutons.

     – Pourquoi y a-t-il deux boutons ?

     – Parce qu’il vous reste une ultime question à laquelle répondre. Puisqu’il s’agit de ramener les choses à la normale, encore faut-il savoir ce que c’est, la normale. D’un côté, cette toile que l’on a connue ces dernières années depuis l’émergence de Facebook et Twitter, cette toile où il faut s’exhiber pour exister, où l’on vous traite de « lâche » si vous n’exhibez pas votre visage en photo et où l’on vous critique sur votre apparence physique si vous l’exhibez, où votre parole compte moins que celle d’un autre lorsque vous avez moins d’amis ou de followers que cet autre. De l’autre côté, une toile où les droits à l’anonymat et à la vie privée des internautes sont respectés, et où les utilisateurs qui n’affichent pas leur vrai nom et n’exhibent pas leur visage en photo ne se font pas traiter de «lâches». A vous de trancher. Le bouton de droite est pour la première proposition, le bouton de gauche pour la seconde, c’est-à-dire tout rétablir sauf Facebook et Twitter. J’ai invité un nombre impair de personnes afin qu’il ne puisse pas y avoir d’égalité en cas de désaccord entre vous sur le choix. Votre décision quelle qu’elle soit sera définitive, car j’ai prévu l’autodestruction du système après le choix de l’un ou l’autre bouton.

Les cinq personnages se regardent alors que les lignes continuent à défiler sur les écrans.

Adeline prend la parole en premier :

     – Je suis plutôt d’accord avec ce que dit Alexandre, les gens n’ont pas assez conscience que l’anonymat sur le net est un droit à défendre. Je vote pour appuyer sur le bouton de gauche afin de créer une prise de conscience chez les utilisateurs.

     – Je rejoins ce que vient de dire Adeline, dit Junji. Je suis pour appuyer sur le bouton de gauche.

Les regards se tournent vers Vincent.

     – Mon opinion personnelle n’a pas à entrer en jeu. Je travaille pour le gouvernement, et par conséquent, je dois obéir aux ordres reçus et remettre en ligne tous les médias sociaux sans exception. Ma décision est donc d’appuyer sur le bouton de droite.

C’est au tour de Martha de s’exprimer.

     – Je désapprouve l’usage du piratage informatique comme moyen de faire passer un message. Je vote pour le bouton de droite.

Alexandre reprend la parole :

     – Deux voix pour le bouton de gauche, deux voix pour le bouton de droite. Claire est la seule à ne pas avoir encore voté. C’est elle qui va trancher.

L’énervement de Claire grandit à vue d’œil. Après quelques secondes d’hésitation, elle s’écrie soudain :

     – Ce n’est pas de notre faute si tu as le visage d’Elephant Man !

Et elle appuie sur le bouton de droite.

Vingt années ont passé. En 2035, tout le monde a oublié TSD. Enfin, presque tout le monde. Certains y pensent encore parfois. C’est le cas de Claire. Elle a maintenant 40 ans, est mariée et a une fille, Léa, 16 ans. Elle ne fait jamais rien de mal, Léa. Elle a juste quelques boutons sur le visage et des dents pas très jolies. Elle voudrait simplement se faire des amis sur le net sans se faire juger sur son apparence physique. Mais Facebook est encore plus incontournable en 2035 qu’en 2015. Un jour, Léa est rentrée du lycée en pleurs. Les yeux embués de larmes, c’est d’une voix presque inaudible qu’elle a murmuré à Claire « Dis maman ? Tu faisais quoi quand ils ont supprimé le droit à l’anonymat sur Internet ? »

Et ce jour-là, Claire n’a pas su quoi répondre.

The end

© Thomas Hezard

Ceci est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait totalement fortuite.

Nelia Courtais

J'ai obtenu mon DUT Information et communication en 2014. Je suis maintenant en Licence professionnelle ATC Communication et médiations numériques. J'aimerais devenir Community Manager.

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