Rencontre avec Béatrice Coignet : la communication d’équipe de la bibliothèque Méjanes à Aix en Provence

Béatrice Coignet, Directrice-adjointe publics de la bibliothèque Méjanes, nous parle de la communication en bibliothèque et du besoin de professionnels en ce domaine, mais également de l’importance de sensibiliser les agents afin de créer une dynamique d’équipe.

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La Méjanes fait partie de la Cité du livre, forum culturel de la ville d’Aix. Pouvez-vous nous faire une brève présentation de votre parcours et de votre rôle au sein de la bibliothèque Méjanes ?

En 2013, suite à la modification de l’organigramme de la Cité du livre par la ville d’Aix-en-Provence, la bibliothèque Méjanes a pris en charge sa propre communication.

À cette occasion j’ai été nommée directrice-adjointe Publics. Un poste de directeur-adjoint Communication et numérique a été créé, mais ce poste n’est pas pourvu à ce jour. C’est donc la direction-adjointe Publics qui est en charge de l’essentiel de la communication. L’autre direction adjointe en charge des collections et du patrimoine, gère les collections numériques de la bibliothèque.

Cette répartition n’est pas stricte et le travail en équipe est effectif notamment pour tout ce qui concerne la communication numérique : page FB, site/portail, mailing…

La Cité du livre reste pour les Aixois un lieu de programmation culturelle. Les bibliothécaires portent et s’impliquent dans la programmation et les actions culturelles, la médiation constituant aujourd’hui l’essentiel du métier de bibliothécaire. Cette programmation se construit aujourd’hui en équipe avec des porteurs de projet et je supervise ce volet.

« Le travail en équipe est effectif notamment pour tout ce qui concerne la communication numérique : page FB, site/portail, mailing… »

La Cité du livre publiait chaque mois un mensuel : le Bulletin de la Cité du livre, je participais déjà aux différentes opérations relatives à ce bulletin. Depuis avril 2014, suite à un appel d’offre, la bibliothèque propose le bulletin Côté Méjanes (10 numéros par an), avec un tirage de 6 000 à 10 000 exemplaires, qui est diffusé par e-mail aux inscrits, par voie postale, par distribution dans environ 200 lieux d’Aix en Provence (mairies annexes, librairies, établissements scolaires, musées…) et accessible sur les sites de la Ville, de l’office du tourisme et de la Méjanes.

L’objectif est de signaler les rendez-vous de la programmation culturelle mais aussi d’apporter un certain nombre d’informations sur le fonctionnement de l’établissement, de proposer des sélections culturelles, d’informer sur les acteurs culturels de la ville.

Il est important d’impliquer l’équipe de la bibliothèque dans la communication, c’est l’idée du « bibliothécaire producteur de contenu » en quelque sorte.

« Le personnel d’une bibliothèque doit savoir communiquer (rédiger, imaginer, créer) et doit s’impliquer dans la médiation, l’accompagnement, la relation avec l’autre quel qu’il soit, quel que soit son niveau, son milieu, sa « culture », ses choix de vie… »

En dehors de ce bulletin, nous réalisons en interne des flyers, affiches, programmes pour certaines manifestations, brochures présentant des sélections. Nous pouvons aussi faire appel à un graphiste externe. Pour des opérations importantes nous tentons de mobiliser la presse : conférence de presse, dossiers de presse adressés aux principaux organes de presse écrite et audiovisuelle, mais nous manquons de temps et d’effectif pour réellement être efficaces, ceci n’est donc pas systématique.

On remarque souvent un fort décalage entre l’image souhaitée et l’image perçue des bibliothèques auprès du grand public. Comment la Méjanes cherche-elle à réduire ce décalage ?

Votre question relève certes du domaine de la communication mais pas seulement.

Ce décalage est bel et bien réel et poursuit les bibliothèques depuis quelques années ! On sait que cette image est bien ancrée dans les mentalités et cela quelles que soient les catégories socio-professionnelles des personnes interrogées, alors que de nombreux établissements s’efforcent de la casser.

La médiation est la réponse principale, même si nous devons aussi revoir nos bâtiments, nos mobiliers, nos façons de présenter les documents et les services, … la liste serait longue. À la bibliothèque Méjanes, depuis 1989, nous avons cassé des cloisons, revu les espaces, les postes de renseignements-accueil, installé des salons de lecture, mis en place, un temps, un espace numérique… Côté programmation culturelle, les équipes souhaitent être plus proches du public, quitte à s’adresser à de petits groupes (« niches ») Par exemple : multiplication des ateliers numériques, concert du samedi dans les espaces de collections, actions autour de Stars Wars, du jeu, etc.

« On sait que cette image est bien ancrée dans les mentalités, alors que de nombreux établissements s’efforcent de la casser. »

En dehors de la programmation culturelle, la bibliothèque Méjanes et son équipe a toujours travaillé à destination de ce que nous dénommons les publics « spécifiques » : handicapés, « défavorisés », en réinsertion, primo arrivant, personnes âgées, etc.

Le public « jeune » (12 à 25 ans) est un public plus difficile à toucher et fidéliser. Nous menons plusieurs actions avec les établissements scolaires mais en nous efforçant de casser l’image trop studieuse des bibliothèques : nous répondons favorablement aux demandes de visites, sous réserve que les enseignants et /ou documentalistes ne nous demandent pas une rencontre portant uniquement sur le rôle de la bibliothèque dans l’accompagnement au travail scolaire !

La médiation, le positionnement des bibliothécaires, leur conception du métier pourront faire évoluer cette question de l’image des bibliothèques. J’aurais beaucoup à dire sur ce sujet !

La Méjanes propose différentes ressources numériques (musique et VOD, MOOCs, presse, patrimoine…) Pourriez-vous nous parler de votre stratégie de communication autour de ces ressources ?

Il semble tout naturel et logique d’inclure les ressources numériques dans la politique documentaire et la mise en place des services.
Avant d’aborder la question de la communication il est important de rappeler que le numérique est encore parfois onéreux, pose des questions techniques, des questions de formation du personnel, des questions de sensibilisation et de maîtrise par le public lui-même…

Pour la communication sur les ressources numériques, tous les canaux doivent être utilisés et le sont à la Méjanes : papier (flyers, affiches, bulletin mensuel), site et réseaux sociaux, ateliers de présentation et de sensibilisation aux ressources, inclusion de ces ressources dans la programmation culturelle.

« La médiation constitue aujourd’hui l’essentiel du métier. »

Le plus difficile malheureusement (mais voir ci-dessus) reste la médiation entre les bibliothécaires et le public.

Les bibliothécaires n’ont pas toujours les compétences, tout en reconnaissant la nécessité des ressources numériques. Un exemple : à l’occasion d’une inscription ou d’une réinscription à la bibliothèque, il peut arriver qu’un agent omette de signaler les ressources numériques (peut être ne les a-t-il jamais utilisées malgré les réunions de formation organisées en interne, peut être n’est il pas très à l’aise avec le numérique).

Les publics d’une bibliothèque généraliste sont très divers. Comment la communication de la Méjanes est-elle déclinée en fonction de ces différentes cibles ?

C’est une question difficile car nous n’avons pas trop la possibilité de faire du « ciblé ». Nous avons un nouveau mailing depuis avril mais nous n’avons pas encore travaillé sur des données ciblées.

De plus nous pensons qu’en dehors des groupes bien repérés, comme les publics « spécifiques », il faut viser à mélanger les publics et nous préférons donc ne pas prévoir de campagne de communication par quartier ou par bibliothèque de proximité. L’établissement est unique même s’il est composé de plusieurs lieux, la collection est unique et doit circuler, tout comme le public de la bibliothèque.

Cependant pour les jeunes, les personnes âgées ou handicapées, les collègues en charge de ces publics ont des listes d’adresses.

Mais en fait je ne peux pas écrire que nous procédons à une communication ciblée et cela est regrettable : question de temps et d’effectif sans doute.

Quelle est la place des réseaux sociaux dans la communication de la Méjanes ? Comment imaginez-vous l’évolution de leur rôle ?

Nous avons été parmi les premières bibliothèques à avoir une page FB en 2010. L’équipe patrimoine alimente également un compte YouTube.

Des difficultés subsistent : dans l’équipe se sont toujours un peu les mêmes qui alimentent la page. Le rédactionnel, le ton, etc… pourraient être améliorés. Par « frilosité », nous avons tendance à reproduire la communication faite sur papier (flyers, affiches). Ce n’est pas toujours le cas mais cela arrive souvent. Il nous faudrait donc nous former davantage à la spécificité de ces outils.

L’utilisation des réseaux sociaux dans la communication est encore à améliorer, comme généraliser la prise de photos à l’occasion de la programmation culturelle, filmer plus souvent les rencontres, etc.

Que diriez-vous à un étudiant en communication sur l’intérêt et l’évolution de ce domaine dans les bibliothèques/médiathèques ?

Les bibliothèques ont besoin de créer des postes avec un profil communication.

Est-ce que cela doit être une compétence interne ou externe ? Peu importe, je suis très ouverte sur ces questions de statuts, compétences, formation…

« Il y a de la place pour de jeunes communicants dans les bibliothèques. »

Mais aujourd’hui, pour la communication comme pour la médiation, nous sommes encore un peu en retard : c’est un problème de formation, mais aussi de conception du métier de bibliothécaire.

Il est difficile de changer le système entier de formation, mais le personnel d’une bibliothèque doit savoir communiquer (rédiger, imaginer, créer) et doit s’impliquer dans la médiation, l’accompagnement, la relation avec l’autre quel qu’il soit, quel que soit son niveau, son milieu, sa « culture », ses choix de vie !

Il y a donc aujourd’hui de la place pour de jeunes « communicants » dans les bibliothèques.

Merci Béatrice, d’avoir répondu à mes questions !

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